Pour bien commencer l’automne “Herbes folles” de René Weling, peintre, graveur, véritable orfèvre de la lumière vous propose un voyage dans son œuvre… Ancien élève de Saint Luc et de l’Académie des Beaux-arts, créateur, chercheur, inventeur de techniques totalement personnelles, René nous offre son regard singulier sur la nature ; rythmes, cycles répétitifs, changements permanents, le vivant nait et renait sans cesse, toujours aussi sensiblement différent et toujours aussi sensiblement pareil… La beauté jaillit d’un brin d’herbe, entre le ténu et vaste, entre l’éphémère et le pérenne.
Calligraphie d’herbes folles
par Colette Decuyper
18 septembre 2022
à l’occasion de l’exposition de René Weling à la Galerie du Livre et de l’étrange Théâtre
le long des sentiers
le long des rives
le long de la vie
ce qu’il cherche est précieux, comme une langue inconnue pétrie de voyelles, comme un parfum de menthe ou le friselis du persil
il détaille le monde de l’herbe
il dégrafe un foisonnement de lichens, de graminées et de feuillages
il tourmente la magie des formes
c’est à une calligraphie végétale qu’il nous convie
ce qu’il maraude,
c’est tout ce qui frémit dans la ramure et la broussaille du chemin
il ramasse des dés, il jette des cartes
il déroule le rejeton farouche entre le naître et le mourir, le double mouvement d’un déséquilibre essentiel
il faut goûter ses chevauchées au-delà des frondaisons, au-delà des mousses et des silences
maille à maille
il tricote un paradis d’encres et de couleurs
le langage serait trop clair
il faut se noyer dans l’haleine bleue des herbes
la cascade est aquatique
du fatras seul naît la lumière, de la faille seule naît la réserve du vivant
tige à tige
il échafaude une cathédrale de sortilèges et de touffeurs
il glane il trace il creuse
c’est une géographie qui surgit, un labyrinthe de lignes tendres, fluides et folles, posées comme un sable qui jouirait de son sablier
son outil est une marelle, un archipel qui se bouscule dans une double voie,
son outil est une grammaire, celle des planètes parallèles, celle des symétries feintes et des épines du laisser-faire et du prendre-prise, jusqu’au presque rien, la trace d’un souffle, jusqu’à l’ouragan, ourlé de ténèbres
il faut rêver de bancs et de barques vertes
il faut descendre très lentement vers ces ombres noires d’arbres et de grains
l’hiver vient
et le regard doux des baies emmitouflées de sel
l’hiver vient,
et la splendeur de ses nuits lentes comme des pommes
toute vie est provisoire